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Tag Archives: Windows

Chrome OS, Google rebranche l’ordinateur portable

L’ordinateur portable n’est pas tout à fait mort, pas encore enterré par les tablettes tactiles. Le châssis bouge encore, dessiné par Samsung et Acer, Google inside, Chrome OS plus précisément, le système d’exploitation qu’un article de Slate US destinait à un échec rédhibitoire… Quasiment 3 ans après avoir lancé le navigateur Chrome, la brique centrale de sa stratégie d’informatique dans les nuages, Google vient d’annoncer le lancement officiel de son système d’exploitation le 15 juin, préchargé sur des ordinateurs portables.

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Fin 2010, le géant de la recherche avait envoyé des ordinateurs de tests à plusieurs centaines de testeurs. Depuis, de nombreuses mises à jour, basées sur les retours utilisateurs, ont permis de corriger les bugs, d’améliorer l’expérience utilisateur, et d’optimiser les configurations matérielles… Les Mises à jour vont d’ailleurs continuer, à échéances régulières. Ça vous rappelle quelque chose? Oui, le mode de développement du logiciel libre, Linux notamment.

Le modèle de développement et de lancement de Chrome OS, préchargé sur des ordinateurs nommés « Chromebooks », s’inspire en fait de plusieurs modèles qui ont fait leur la preuve de leur succès ces dernières années.

1. Le développement en mode logiciel libre, c’est à dire l’implication d’une communauté de développeurs et d’utilisateurs dans la fabrication d’un outil informatique
2. La commercialisation, popularisée par Microsoft, d’un système d’exploitation avec les ordinateurs qu’il anime, avec ici une intégration plus poussée, car c’est Google qui a imposé les spécifications matérielles des machines
3. La disponibilité d’une boutique en ligne d’applications, popularisée par l’Appstore d’Apple

En lançant Chrome OS il y a 3 ans, Google défendait une vision selon laquelle le système d’exploitation c’est l’Internet! L’entreprise est en train de réaliser cette vision sous nos yeux. Apple, avec son iPad, défend aussi à cette vision. Mais la firme à la pomme a décidé de placer iTunes, entre nous et le Web. Et l’iPad n’a pas été conçu comme un outil de productivité. Des applications métiers peuvent l’y aider, mais c’est d’abord un super appareil pour la consommation de médias, un mini media center.
Avec Chrome OS, Google nous montre que nous aurons peut-être encore besoin des ordinateurs portables pour être productifs.

Ce que promet Google avec ces nouvelles machines:

1. Toutes les applications dans les nuages. Le géant de la recherche peut s’appuyer pour cela sur les applications populaires qu’il a créées ces dernières années… Gmail, Google Docs…
2. La possibilité de travailler en mode déconnecté, et de synchroniser quand une connexion est disponible
3. Des ordinateurs légers-puissants, qui démarrent en 8 secondes, mazette (comme une tablette tactile?)
4. Le stockage en ligne (les vendeurs de disque durs vont devoir se reconvertir?)

Alléchant tout ça. Google semble ainsi en passe de réussir là où de nombreux acteurs ont échoué à proposer une alternative de masse à Windows… L’entreprise pousse l’offensive jusqu’à la mise en place de plans d’abonnements, avec des forfaits mensuels comme dans la téléphonie mobile, destinés prioritairement aux étudiants et aux entreprises; de nombreuses PME devraient se laisser séduire, et sans doute des collectivités territoriales et des administrations aussi.
On verra si à la rentrée prochaine les étudiants se ruent sur des portables Chrome OS, et si à Noël prochain, ces portables nouvelle génération tiennent tête aux tablettes tactiles…

Pourquoi le système d’exploitation de Google ne sera pas forcément un bide comme le dit Slate.com

Le 7 juillet dernier Google a officiellement confirmé ce que le lancement du navigateur Chrome laissait percevoir: la préparation d’un système d’exploitation maison par la plateforme de référence pour la recherche sur Internet.

De nombreux commentateurs, y compris votre serviteur, avaient alors décrit Chrome comme l’embryon de l’OS Google, et l’entreprise elle-même précisait dans son communiqué, à travers un savoureux jeu de mots lancé à Microsoft, que Chrome était « The window to the Web », la fenêtre sur l’Internet… suivez mon regard 🙂

A la suite de cette annonce, le site Slate – que j’apprécie beaucoup par ailleurs -, par la plume d’un de ses chroniqueurs, a quasiment enterré le futur OS par un article repris sur la version française du site, Slate.fr: « L’OS de Google sera un bide« . Voir la version anglaise.
Bien sûr cela fait partie de la stratégie éditoriale de Slate que de publier des grands papiers polémiques destinés à susciter des commentaires de scribes comme moi :), mais cet article est sérieux et il mérite d’être nuancé. Techcrunch, par exemple, considère que l’annonce de Google a fait l’effet d’une « bombe nucléaire« . A relativiser, car la bombe était plutôt l’annonce du navigateur Chrome l’année dernière. L’officialisation  de Chrome OS serait plutôt une « bombinette ». Jean-Louis Gassée, du blog Mondaynote, un des observateurs les plus avertis du marché des systèmes d’exploitation, offre un commentaire assez partagé, entre doutes (sur l’aspect uniquement tactique de cette annonce) et intuition que Google est en train de se transformer en Microsoft 2.0. Le blog Mondaynote offre d’ailleurs un ensemble d’articles très instructifs sur la bataille du Cloud computing.

Face aux 5 raisons listées par Farhad Manjoo pour ne pas croire dans le futur système d’exploitation de Google, on peut opposer au moins 5 arguments contraires:

  1. Contrairement à Linux, qui échoue à être un système d’exploitation grand public, parce qu’il n’y a pas unité de vision et de stratégie commerciale à travers les multiples sociétés qui en développent une version, le futur système d’exploitation Google, basé sur Linux,  sera édité par une des plus grandes sociétés informatiques au monde, disposant de budgets R&D  et marketing plus que significatifs.
  2. En lançant Chrome, le navigateur nouvelle génération, Google signifiait une vision stratégique selon laquelle les positions du marché informatiques ne pouvaient pas être changées tant que des compétiteurs ne seraient pas en mesure de proposer un système d’exploitation – à la fois crédible et populaire – alternatif à Windows. Google a commencé à déployer cette stratégie sur le mobile, un marché plus ouvert que celui du Desktop, mais avec en ligne de mire de passer sur le marché de l’ordinateur de bureau à un moment donné.
  3. L’expérience du mobile, qui a vu des opérateurs comme Orange ou SFR, des fabricants comme Samsung ou HTC, intégrer l’OS Android de Google, se reproduira sur plateforme Netbook. Google, outre l’arme du budget et du savoir-faire marketing, bénéficiera donc du facteur clé de succès qui est l’écosystème matériel et logiciel entourant le futur système d’exploitation, en un mot le nombre de grands noms de l’informatique qui adopteront rapidement et massivement ce système d’exploitation.
  4. On peut donc faire le pari que, parce qu’il s’agit justement de Google, une des plus grandes sociétés actuelles d’informatique grand public – parmi les rares capables de rivaliser avec Microsoft -, des acteurs comme Acer, HP ou Sony n’hésiteront pas à proposer au grand public des ordinateurs intégrant l’OS Google.
  5. Contrairement à ce qui est avancé dans l’article de Slate, Linux existe maintenant depuis plus de 20 ans et est devenu un système d’exploitation plus que mature, conçu pour l’Internet et qui bénéficie d’applications de bureautiques robustes, compatibles avec Windows, comme la suite Open Office. Google avec son système aura sans doute pour objectif d’améliorer l’expérience utilisateur Linux.
  6. Finalement une 6ème raison: et si l’informatique de demain était encore plus micro que micro: Netbooks, smartphones, montres-ordinateurs… un système conçu dès le départ pour ces plateformes ne serait pas idiot.