J’ai entendu récemment plusieurs fois cette question: quel est l’intérêt de Twitter par rapport à Facebook? De fait, le service de microblogging est vu par la plupart des internautes comme un doublon de la star des réseaux sociaux. Ce sentiment pourrait se traduire dans le nombre d’utilisateurs de Twitter en France, environ 640 000, si on en croit une étude IFOP, qui place à 2% de la population internaute française (32 millions) le nombre de comptes Twitter, bien loin du nombre d’utilisateurs de Facebook (plus de 30% des internautes français, près de 10 millions de personnes).

Récemment, un collègue bénéficiant d’une culture Internet très avancée, notamment sur les réseaux sociaux, se plaignait de la faiblesse de la communauté Twitter en France, et était donc surpris du buzz déclenché malgré tout par cette application.

Twitter est en fait un agrégateur d’information, au même titre que Google News ou un lecteur de flux RSS, et donc un outil de veille « sérieux ».  C’est aujourd’hui un des canaux les plus puissants pour obtenir de l’information (du bruit?) sur une marque, un fait d’actualité ou une personne.  Sa puissance vient du fait qu’il permet d’obtenir cette information en temps réel.
Cette dimension d’agrégateur d’information manque encore à Facebook, qui est perçu encore largement comme un outil de détente (fun), là où Twitter a tout de suite été choisi par des chercheurs, des hommes politiques, ou des agences marketing pour asseoir leur expertise. Récemment, Twitter a été utilisé pour couvrir le crash d’un avion (via la diffusion des premières photos de l’accident) ou les soubresauts de la révolte de cet été en Iran. Twitter apparaît ainsi comme un outil plus facilement adaptable aux besoins professionnels ou « sérieux ».

Le retard de Facebook sur Twitter en tant que source d’information « sérieuse » se révèle dans le fait qu’un agrégateur de flux RSS comme FeedReader n’a pas encore intégré Facebook comme source d’information, contrairement à Twitter et Google News. Il y a sans doute des raisons techniques à cela. Jusqu’à récemment, Facebook ne permettait pas d’effectuer une recherche sur toutes les conversations émises sur ce réseau. Les recherches se limitaient à votre propre réseau de contacts. Aujourd’hui cela changé, et le moteur de recherche de Facebook a gagné en puissance. Gageons que d’ici quelques mois les lecteurs de fil RSS permettront de créer des fils de recherche virtuel sur les conversations publiques émises dans Facebook.

Twitter est un flux RSS qui intègre la conversation simple, primitive, entre l’émetteur et ses récepteurs. Les tweets sont des micro-dépêches commentables. Il n’est pas surprenant que les journalistes soient une des populations les plus représentées chez les utilisateurs de Twitter, notamment aux Etats-Unis et en Angleterre. Le réseau de microblogging est en fait le fil AFP de Monsieur tout le monde, et il permet aux journalistes d’attirer du trafic vers le site Internet de leur journal, via des liens vers leurs derniers papiers.
Twitter est la quintessence de la vague conversationnelle qui envahit l’Internet, une sorte de Haiku de la conversation, là où Facebook est un journal intime très sophistiqué.
N’oublions pas cependant que ce fil de dépêche peut être truqué ou non fiable, notamment parce qu’aujourd’hui l’identité et le sérieux de l’émetteur des dépêches ne peuvent pas être certifiés. Twitter travaille à corriger cela.

Pour le moment, Twitter est  en retard en termes de comptes utilisateurs, mais Facebook ne tient pas à laisser à son concurrent les vertus de la simplicité (de la rapidité?) et la position d’outil de référence pour la recherche en temps réel d’information sur Internet.  En publiant une version « Lite » (légère) de son service, et en essayant de se rapprocher le plus possible de la diffusion de statuts/photos en temps réel, Facebook se donne les moyens de continuer la course en tête, jusqu’à un éventuel rachat de son concurrent?